Les premières étaient là aux mêmes dates que les années précédentes, juste avant les premières gelées.
Elles se posent pour la nuit sur les vasières d’un étang.
Je les ai attendues dès le milieu de l’après midi. Elles ne sont venues que quelques minutes après le coucher du soleil et , de plus en plus nombreuses avec l’obscurité.
La lune presque ronde me permet de retrouver mon chemin à travers la forêt.
Le lendemain, j’étais sur place bien avant le jour. Peu après les premiers rayons du soleil toutes s’étaient envolées , pour reprendre la migration ou pour se ravitailler dans les prés et chaumes alentours.
Changement de météo, le fort coup de vent a amené la pluie . Les grues avaient moins le cœur à chanter ou danser sous les fortes averses et certains groupes semblaient dispersés. Ainsi ces juvéniles qui ont fini par retrouver l’un des adultes mais qui ont, avec lui, continué à appeler l’autre parent.
Les grues cendrées sont de passage, par petits groupes, d’abord puis en troupes plus importantes. Elles passent par vagues et se font entendre jusque dans la nuit.
Certaines qui ont choisi de faire une étape tout près du village.
Elles se regroupent dans les pâtures avant de regagner leur dortoir juste avant la nuit
Elles claironnent, appelant les membres de leur famille.
Les vannes sont ouvertes, la pêche est prévue avant la fin d’octobre.
Le niveau d’eau qui baisse fait apparaitre les vasières sur les berges.
S’y regroupent les aigrettes et parfois quelques limicoles
Commencé dans le brouillard le ballet des aigrettes se déploie au soleil.
Les poissons sont très convoités. Dans une grande agitation, cormorans, mouettes , aigrettes et hérons n’ont plus qu’un seul but ,faire bombance.
Parmi les aigrettes il y en a une qui est encore en plumage nuptial, bec noir, pattes rouges et lores bleu-vert . Elle a encore quelques longues plumes.
Et j’ai eu la visite, tout près, d’un oiseau rare, un Ibis falcinelle!! L’espèce niche près de la mer Noire et dans le delta du Danube.
Floraison automnale des gentianes, j’ai trouvé en plus de la gentiane champêtre une petite station de gentianes ciliées, et les derniers papillons de la saison. Comment ont ils échappé à cette étendue de toiles tendues par les araignées à l’affut?
Les milans royaux passent , quelques faucons hobereaux sont encore présents.
Le pelage des chevreuils s’épaissit, lentement ils se préparent au froid et le rouge-gorge se remet à chanter
Au bord des étangs ou dans les champs, le retour des grandes aigrettes ne passe pas inaperçu.
Assis au bord d’un étang, derrière un arbre mort en partie tombé dans l’eau et caché par le feuillage encore relativement dense, j’ai attendu.
Toute modification dans leur paysage habituel intrigue les oiseaux. Les canards colverts et les oies ont manifesté bruyamment leur inquiétude et ont fait un détour en passant devant moi.
Les cormorans se sont bientôt perchés en nombre à proximité, puis les aigrettes.
Les plus proches ont scruté les feuilles pour discerner une éventuelle menace dans la masse sombre que je formais
Lorsque le héron s’est posé à moins de 5 mètres je me suis vu démasqué, mais il n’a manifesté sa contrariété que par des cris, hérissement de plumes, sans s’envoler.
La difficulté était grande de réussir une image en déplaçant l’objectif centimètre par centimètre pour profiter d’une trouée entre les feuilles sans me faire découvrir avant la nuit.
Fin d’été remarquable: cela fait maintenant un mois que les cigognes noires stationnent dans les prairies humides. Elles alternent les reposoirs, toujours à proximité des ruisseaux ou petits étangs où elles vont pêcher.
Sur les étangs, les aigrettes et les hérons prospectent les berges . Méfiants, ils le sont cependant moins que les cigognes qui détectent le moindre changement dans le paysage.
Toujours sur le qui-vive, les comportement des oiseaux rappellent les siècles de persécutions dont ils ont fait l’objet et qui continuent… Les pygargues et balbuzards s’enfuient dès qu’ils repèrent une présence humaine à moins de 500 mètres!
Les oies cendrées s’envolent à l’aube de l’étang sur lequel elles ont passé la nuit pour aller dans les chaumes glaner les grains tombés de la moissonneuse.